Restitution du parcours pédagogique « Les Femmes dans les industries : un long combat »

Depuis octobre 2021, la Maison des Hommes et des techniques, le Centre d’histoire du travail et la Maison Fumetti ont travaillé avec 3 classes de collèges du département (Collège de Chantenay à Nantes, collège la Haut Gesvres de Treillières et collège Paul Langevin de Couëron) autour de l’atelier pédagogique  Les Femmes dans les industries nantaises : un long combat.

Ce projet a eu pour objectif de faire se questionner le public scolaire collégien sur la place et le rôle des femmes dans l’histoire par le prisme de l’histoire ouvrière locale.
Ce projet a été soutenu par le Département de Loire-Atlantique dans le cadre de l’Éducation Artistique et Culturelle, la mission Égalité de la Ville de Nantes et la mission Droits des Femmes et Égalité Femmes-Hommes de la Préfecture.

Vous pouvez découvrir le travail des élèves en fin d’article !

Le projet

Un constat

« Mais c’est normal que les femmes soient moins payées car leur travail est moins difficile que celui des hommes ! »

C’est à cette réflexion que les médiateurs.trices de la MHT doivent répondre régulièrement en visite lorsque la condition des femmes sur les chantiers navals est évoquée.

Si depuis plusieurs années, les jeunes entendent parler d’égalité salariale, de lutte contre le sexisme et maintenant de matrimoine; peu d’entre eux sont conscients que ces combats sont anciens et se sont particulièrement développés pendant le XXe siècle. Par le prisme de l’immédiateté tout semble nouveau, hors l’histoire a quelque peu oublié la place des femmes au sein des entreprises qui ont fait la richesse de l’agglomération nantaise.

L’industrie nantaise, l’usine, l’atelier, ces secteurs qui restent dans l’imaginaire un univers majoritairement masculin, se sont beaucoup appuyés sur une main d’œuvre féminine et nous souhaitons, dans ce parcours, redonner aux femmes leur place dans cette histoire.

Classe de dessinateurs.trices des Ateliers et Chantiers de la Loire. Pendant longtemps les métiers de la construction navale étaient interdits aux femmes. Les ACL était la seule école à former des dessinatrices. Années 1950 ©AHCNN-MHT
Syndicalistes participant à la fabrication de la caraque métallique pour le conflit de la fermture des chantiers navals. 1983, ©AHCNN-MHT
S'interroger

Pourquoi connait-on si peu la place qu’occupaient les femmes dans les entreprises ? Pourquoi leurs rebellions, leurs petits et grands combats sont si peu représentés dans l’histoire industrielle locale ? Quels étaient leurs droits ? Quelles étaient leurs conditions de travail ? Comment leur situation a évolué au fil du siècle ?

C’est à ces questions et à d’autres que les élèves pourront répondre avec ce projet. Ces questions seront abordées en se basant sur l’histoire nationale avec des exemples locaux.

L’agglomération nantaise a une histoire riche en mobilisations ouvrières ! Bien que méconnues, les femmes ne sont pas en reste dans cette histoire et ont été nombreuses à lutter pour leurs droits et leurs conditions de travail au sein des entreprises : pontonnières des chantiers navals, ouvrières aux doigts coupés de chez Guillouard, décolleuses de chez Carnaud Basse-Indre ou ferblantières-boitières de Saupiquet…

Déroulé du projet

Le projet s’est déroulé en 5 étapes :

– un premier atelier animé conjointement par la MHT et le CHT où les élèves ont pu découvrir des archives variées et où la question des femmes fut traitée de manière chronologique et thématique depuis 1900 jusqu’à nos jours.

– les ateliers 2, 3 et 4 ont été consacrés à l’approche artistique. Les élèves ont rencontré l’artiste Thierry Bedouet pour découvrir ce qu’est une affiche. Suite à cela, ils et elles ont créé leurs affiches qu’ils et elles ont imprimé en utilisant le système de la sérigraphie.

– La dernière étape concerne le temps de restitution publique. Cette dernière a eu lieu le mardi 10 mai 2022 en présence des élèves des trois collèges. Les élèves ont ainsi pu coller leurs affiches militantes dans l’espace public, devant le Bâtiment Ateliers et Chantiers de Nantes. Ce moment fut aussi l’occasion d’échanger avec Mahaut Bertu (élue à la Ville de Nantes à l’Egalité et à la ville non sexiste) et Aurélie Benoît (chargée du patrimoine au département de Loire-Atlantique) et de répondre aux questions de la presse qui s’était déplacée pour l’occasion !

Restitution publique et collage - promotion 2023-2024

Affiches réalisées par les élèves des 3 collèges (Rutigliano de Nantes, Pont-Rousseau de Rezé et Jean-Rostand d'Orvault)

Restitution publique et collage - promotion 2022-2023

Affiches réalisés par les élèves des 3 collèges (Rutigliano à Nantes, le Haut Gesvres de Treillières, Saint-Exupéry de la Montagne)

Restitution publique et collage - promotion 2021-2022

Affiches des élèves des 3 collèges​

Explications plus en détail des affiches

Collège Paul Langevin de Couëron

Le danger du travail pour les femmes à l'époque

Nous avons choisi de représenter le danger du travail pour les femmes à l'époque. Les femmes avaient des bracelets de sécurité pour travailler mais elles les enlevaient pour travailler plus vite, sauf qu'elles se faisaient couper les doigts par les machines. Nous avons mélangé deux mots important DROITS et DOIGTS car les femmes à cette époque-là avaient des métiers compliqués et perdaient souvent leurs doigts et n’avaient pas les mêmes droits que les hommes donc on a décidé de mélanger les deux pour en faire un seul mot. (L.M A.D O.B L.C L.M W.Z)

Les femmes dans l'industrie

Sur cette affiche on a montré l'inégalité homme / femme sur une balance. Les femmes sont payées 16,8 % de moins que les hommes aujourd'hui en France. On a mis «TOUS EGALES», nous avons mis un « ES » pour représenter la femme et « TOUS » pour représenter l'homme. Sur la balance on a mis l'homme en bas car il a plus de droits donc il est plus « lourd » et la femme on l'a mis en haut car elle a moins de droits donc elle est moins « lourde ».

Le salaire d'un homme est plus nourrissant que celui d'une femme

Cette affiche représente l'inégalité salariale de l'homme et de la femme au début du 20e siècle. Les femmes gagnaient -50% avant, à partir de l'obtention du droit de vote des femmes, aujourd'hui elles gagnent (-14%) que les hommes. On a choisi cette illustration (assiettes) car les images sont plus parlantes qu'un texte. (M.K M.D M.B E.M T.M D.M L.B )

U.G.E.C.O Stop aux inégalités

Nous avons choisi de représenter l’inégalité entre les hommes et les femmes dans l'industrie: l'homme a une chaise et un lieu propre, en revanche, la femme n'a pas de chaise, le toit a des fuites, et il y a aussi des rats. Nous avons pris cet exemple de l'usine U.G.E.C.O (usine de textile) (BRUNET mathilda YEYE mayele VIEIRA louka HIRON LAMY mya LECLAIR mael CREPEAU titouan )

Collège le Haut Gesvres de Treillières

Même Travail – Même salaire

Nous avons été marqués par l’exemple de l’entreprise Guillouard qui était surnommée le Bagne car la main d’œuvre essentiellement féminine était mal payée et travaillait dans des conditions dangereuses, au risque de perdre une main sous les presses. Si les conditions de travail ont aujourd’hui évolué, les différences salariales sont encore importantes dans de nombreux secteurs et cela nous a choqués. C’est pourquoi nous avons voulu montrer cet écart à travers 2 corps : celui de la femme est incomplet proportionnellement à l’écart de salaire. (Emeline, Evan, Hugo, Lola, Ninoé)

La maternité n’empêche pas de travailler, d’être salariée, d’évoluer...

Par le graphisme, nous avons voulu évoquer les grèves de septembre 1955 où les femmes des ouvriers métallurgistes sont descendues dans la rue avec leurs jeunes enfants et les poussettes pour soutenir leurs maris qui demandaient des hausses de salaire. C’était courageux. Mais à travers notre slogan nous dénonçons le fait que la maternité soit encore aujourd’hui source de discrimination à l’embauche alors que les hommes aussi ont droit à un congé de paternité. (Aaron, Amal, Lana, Lou, Maëlys, Maxime, Nohann)

Masculin et/ou féminin : Le travail n’a pas de sexe !

Nous avons représenté les symboles Homme et Femme qui fusionnent pour représenter la mixité et l’égalité car le symbole est fort et parle à tous. La machine à coudre fait référence à l’entreprise UGECO spécialisée dans la confection d’uniformes militaires et qui employait essentiellement des femmes. Aujourd’hui encore de nombreux préjugés concernent le domaine de la couture qui reste genrée. Enfin, nous avons choisi la couleur rouge car c’est une couleur percutante et qui symbolise le combat. (Carl, Eléonore, Maelys, Martin, Tristan, Victor, Youna)

Nous ne sommes pas égaux

Pour notre affiche nous avons pensé à une photo des ouvrières de la manufacture de tabac qui travaillaient sous le regard sévère de leur contremaître. Par la taille de l’homme que nous avons représenté, nous avons voulu souligner l’inégalité hiérarchique entre les femmes et les hommes. Notre slogan : Grâce au contraste de couleurs et à la disposition, nous avons voulu rendre possible 2 lectures : « Nous ne sommes pas égaux » mais également « Nous sommes égaux ». (Alban, Ambre, Amel, Bastien, Elisa, Raphaël )

On en parle dans la presse !

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